Le silence de l'administration vaut accord !
L'Assemblée nationale vient de voter, le
lundi 16 septembre le projet de loi "habilitant le gouvernement à
simplifier les relations entre l’administration et les citoyens".
Un
nouveau principe – révolutionnaire - en ressort : le silence gardé par
l'administration vaudra accord.
Le projet de loi défendu la par la ministre
de la Réforme de l'État, de la Décentralisation et de la Fonction publique tend à inverser un principe très ancien du droit
administratif. Dorénavant, passé un délai de deux mois à compter de la
présentation d'une demande d'un administré, le silence de l'administration
vaudra accord !
La mise en pratique
de ce nouveau principe est encadrée de précautions telles qu’en réalité, à la
suite du vote de cette loi, deux principes cohabitent : dans certains cas le
silence de l'administration vaudra accord, dans d'autres il vaudra rejet.
S’il ne simplifie pas
forcément les choses, ce texte de loi aura le mérite de contraindre
l'administration à une refonte importante de son organisation à travers la mise
en place d'un nouveau système d'échange d'informations entre administrations.
Le délai au terme
duquel se forme une décision valant accord ne peut commencer à courir tant que
l'administration n'a pas été rendue destinataire de toutes les informations,
qu'elle en a fait part à l'auteur de la demande et que ce dernier a fourni tous
documents requis.
Conclusion, le point
de départ du délai est fixé à réception par l'administration d'une demande
complète.
Par ailleurs ce
nouveau principe du silence gardé deux mois et valant acceptation est très
conditionné…
Le nouveau principe
selon lequel silence de l'administration vaut accord constituerait d'avantage une
règle de droit qui s'appliquera dans des cas listés et prédéterminés.
Cette règle ne
s'appliquera en effet que pour des procédures dont la liste exhaustive
sera publiée sur "un site internet relevant du premier ministre".
De surcroît, la loi
fixe toute une série de dérogations à cette nouvelle règle et le silence gardé
deux mois vaudra rejet :
« 1° Lorsque la demande ne tend pas à l’adoption d’une décision présentant le caractère d’une décision individuelle ;
« 1° Lorsque la demande ne tend pas à l’adoption d’une décision présentant le caractère d’une décision individuelle ;
« 2° Lorsque la
demande ne s’inscrit pas dans une procédure prévue par un texte législatif ou
réglementaire ou présente le caractère d’une réclamation ou d’un recours
administratif ;
« 3° Si la demande présente un caractère financier sauf, en matière de sécurité sociale, dans les cas prévus par décret ;
« 3° Si la demande présente un caractère financier sauf, en matière de sécurité sociale, dans les cas prévus par décret ;
« 4° Dans les
cas, précisés par décret en Conseil d’État, où une acceptation implicite ne serait
pas compatible avec le respect des engagements internationaux et européens de
la France, la protection des libertés et des principes à valeur
constitutionnelle et la sauvegarde de l’ordre public ;
« 5° Dans les
relations entre les autorités administratives et leurs agents ;
« II. – Des décrets en Conseil d’État et en Conseil des ministres peuvent, pour certaines décisions, écarter l’application du premier alinéa du I eu égard à l’objet de la décision ou pour des motifs de bonne administration. Des décrets en Conseil d’État peuvent fixer un délai différent de celui que prévoient les premier et troisième alinéas du I, lorsque l’urgence ou la complexité de la procédure le justifie" ;
« II. – Des décrets en Conseil d’État et en Conseil des ministres peuvent, pour certaines décisions, écarter l’application du premier alinéa du I eu égard à l’objet de la décision ou pour des motifs de bonne administration. Des décrets en Conseil d’État peuvent fixer un délai différent de celui que prévoient les premier et troisième alinéas du I, lorsque l’urgence ou la complexité de la procédure le justifie" ;
Il en ressort que pour
comprendre précisément la portée de cette nouvelle règle selon laquelle le silence
de l'administration vaudra accord il conviendra de consulter régulièrement le
site internet relevant du premier ministre et toute une série de décrets.